M&A 2006 : BNPP domine un podium très anglo-saxon
Capital Finance
M & A 2006 : BNPP domine un podium très
anglo-saxon
Portés par la dynamique du M & A, BNP Paribas, Merrill Lynch et Morgan Stanley composent le tiercé gagnant. Aperçu du classement Capital Finance.
De mémoire de banquiers d’affaires, cela faisait quelques années que les M & A ne s’étaient pas aussi bien portés. Le millésime 2006 devrait donc rester dans les annales, d’autant qu’il succède à un cru en demi-teinte marqué par la pénurie de méga-deals. Rien d’étonnant à ce que le trio de tête du classement 2006 établi par Capital Finance affiche des montants de transactions insolents. Pour la deuxième année consécutive, BNP Paribas se maintient sur la première marche du podium, avec 110 MdEuro(s) d’opérations à son actif. Sur cette base, la banque de la rue d’Antin prend le leadership du palmarès cumulé sur les trois dernières années (cf. ci-dessous). Sur la seule année 2006, elle devance d’une courte tête Merrill Lynch (108 MdEuro(s)), qui se hisse de la 6e à la 2e place. Dans sa roue se cale un autre établissement anglo-saxon, Morgan Stanley (106 MdEuro(s)), lequel double presque son crédit par rapport au cru précédent (55 MdEuro(s)).
Le podium croît de 62 % en valeur
Au final, le trio de tête cumule 324 MdEuro(s) via 124 transactions, contre respectivement 200 MdEuro(s) avec 132 opérations en 2005. Si les volumes se contractent de 6 %, les jumbo deals changent vraiment la donne : la progression en valeur excède en effet 62 %. Parmi les opérations-phares de l’année figure bien sûr l’éclosion de Natixis (27,9 MdEuro(s)), avec son cortège d’opérations corollaires comme la cession des 35 % détenus par CDC – conseillé en l’espèce par la banque de la rue d’Antin – dans la CNCE. Sans oublier le mariage à 32 MdEuro(s) entre Mittal Steel et Arcelor (cf. méthodologie), où se sont illustrés les trois lauréats côté Arcelor. Mais il ne faut pas s’y tromper. Toutes les banques ayant bénéficié du crédit de cette transaction – dès lors qu’elles ont présenté un mandat, conformément à notre méthodologie – n’ont pas été impliquées au même niveau. Rendons à César ce qui est à César. D’après nos informations, six établissements bancaires se sont positionnés d’entrée de jeu. Côté Arcelor, on retrouve ainsi Merrill Lynch, BNP Paribas et Deutsche Bank dès l’annonce de la transaction, avant que BBVA, Santander, UBS, Morgan Stanley, Calyon ou JP Morgan ne fassent leur entrée. Côté Mittal Steel, ce sont Goldman Sachs, Credit Suisse et Citigroup qui auraient ouvert le bal, suivis de HSBC puis de Société Générale et de Rabobank.
Tirer parti des deals cross-border
Dans l’ensemble, le boom des opérations transfrontalières a pleinement profité aux banques d’affaires. A commencer par la fusion entre Alcatel et Lucent (14 MdEuro(s)), animée par un quintette de conseils (cf. tableau, p. 3). La consolidation de la bancassurance européenne a aussi dopé les performances. Citigroup en sait quelque chose : non content d’avoir pris part aux opérations Arcelor-Mittal et Natixis, il s’est distingué aux côtés d’Axa lors du rachat de l’assureur suisse Winterthur (8,9 MdEuro(s)), puis sur la cession de BNL à BNP Paribas. De quoi se hisser du 14e au 4e rang, en un an. Quant au rachat d’Emporiki Bank of Greece par la banque verte – qui avait, pour rappel, dû relever son offre à la suite d’une contre-attaque de Bank of Cyprus -, il a aussi permis à Morgan Stanley, à Citigroup et à JP Morgan de se propulser dans le top 5. Pour doper leur deal-flow, les banquiers d’affaires avaient tout intérêt à se positionner sur les LBO d’envergure closés en 2006 – tels que ceux montés sur Cegelec (1,15 MdEuro(s)), Materis (2,07 MdEuro(s)), Europcar (3,3 MdEuro(s)), PagesJaunes (3,3 MdEuro(s) pour 54 % du capital) et Amec Spie (1,04 MdEuro(s)) (cf. tableau, p. 3). Mais surtout, les banques doivent mettre au point des stratégies fines, adaptées à la taille de leurs équipes M & A. Rothschild & Cie continue ainsi de miser sur le volume, avec pas moins de 81 deals au compteur, en consolidant l’activité de sa filiale Transaction R.
anglo-saxon
Des stratégies divergentes
Malgré cette frénésie, il recule de la 3e à la 6e place : sa position quasi monopolistique auprès des fonds de private equity mid-cap s’est révélée moins payante, en raison des grosses opérations conclues entre corporates l’an passé. Comme de coutume, Calyon a assisté sa maison mère à plusieurs reprises – notamment sur le rachat d’Emporiki Bank of Greece (3,3 MdEuro(s)) – et a reculé in fine de quatre rangs. Comme quoi la roue tourne, dans le conseil en fusions et acquisitions. Si JP Morgan, HSBC, ABN Amro et, dans une moindre mesure, Credit Suisse, Lazard et UBS se stabilisent, Goldman Sachs s’effondre de la 2e à la 7e place. Présent sur le deal Arcelor-Mittal, mais absent sur Natixis, il n’a pas non plus bénéficié du crédit des garanties de cours et OPR initiées sur les réseaux autoroutiers français, puisqu’il officiait comme conseil de l’Etat (cf. méthodologie). Absent des deux plus grosses opérations clôturées en 2006, Lehman Brothers perd également cinq rangs, pour terminer 15e. Pour leur part, les boutiques et autres cabinets indépendants – qui feront l’objet d’un classement distinct dans le prochain hors-série M & A de Capital Finance (cf. méthodologie) – ne sont pas en reste. Ainsi Bucéphale Finance s’est distingué sur le deal Natixis. Idem pour Philippe Villin Conseil, lequel a également participé au P-to-P sur Elior (2,3 MdEuro(s)). Hawkpoint a, pour sa part, conseillé le board d’Arcelor pour organiser sa défense. Une race de challengers que les établissements bancaires traditionnels ne doivent décidément plus sous-estimer.
Méthodologie
Principes généraux : – seules les opérations clôturées entre le 1.1.2006 et le 22.12.2006 et impliquant une partie française (acheteur, vendeur, cible) ont été retenues sur la base de la valeur d’entreprise, au prorata du capital conseillé ; – ont été exclues du classement les restructurations financières et internes, les opérations de marché, les cessions ou les acquisitions portant sur moins de 20 % du capital – exception faite des cas de renforcement stratégique – et les attestations d’équité pures et simples ; – tous les mandats M & A présentés par les banques d’affaires ont été comptabilisés ; – les missions de conseil réalisées par des cabinets indépendants et par des « boutiques » feront l’objet d’un classement distinct, à paraître dans le prochain hors-série Fusions & Acquisitions de Capital Finance. Traitements spécifiques : – l’opération Arcelor-Mittal Steel a été incluse dans le classement (soit 32 MdEuro(s) pour 100 % du capital) ; – les privatisations des réseaux autoroutiers français (ASF, APRR, Sanef) ont été comptées pour les garanties de cours et les OPR conduites en 2006. L’acquisition des blocs détenus par l’Etat ayant été retenue en 2005, les conseils de l’Etat (BNP Paribas et Goldman Sachs) n’ont bénéficié d’aucun crédit ; – les opérations paneuropéennes (telles que celle portant sur les activités européennes de Trader Classified Media) sont comptabilisées à hauteur du chiffre d’affaires réalisé en France ; – les public-to-private qui n’ont pas été achevés en 2006 sont comptabilisés à hauteur du bloc acquis hors marché.
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