Le Qatar s’offre la maison Balmain pour près de 500 millions d’euros
Le Qatar s’offre la maison Balmain pour près de 500 millions d’euros
Les Echos
EXCLUSIF – Le holding Mayhoola prend le contrôle de la marque aux héritières d’Alain Hivelin. Balmain rejoint
ainsi le giron de la griffe italienne Valentino.
La maison de luxe Balmain devient qatarie. Selon nos informations, la société d’investissement Mayhoola, affiliée
à la famille royale du Qatar, a convenu de signer mardi soir le rachat de la griffe française née après-guerre. Le
holding proche de Sheikha Moza, la seconde femme de l’ancien émir qatari, offre 485 millions d’euros aux
héritières d’Alain Hivelin qui en détiennent 70 %, ainsi qu’au management dont le créateur de vingt-cinq ans,
Olivier Rousteing, à l’origine de la relance fulgurante de la marque.
Plus d’une dizaine de marques d’intérêts
En difficulté il y a quelques années, la maison de couture, qui dégage 120 millions d’euros de chiffre d’affaires
aujourd’hui, se voit ainsi valorisée pas moins de 15 fois son ebitda. Le processus d’enchères organisé par
Bucéphale Finance a de fait suscité plus d’une dizaine de marques d’intérêts, à la fois françaises comme L
Capital (le fonds d’investissement sponsorisé par le groupe LVMH), anglo-saxonnes à l’instar de Permira, ou
asiatiques, tel que le hong-kongais Li ka-Shing, selon ces sources.
La différence s’est faite sur le prix, mais le Qatar disposait aussi d’une carte maîtresse qui a convaincu les
héritières de Balmain : la griffe italienne Valentino, rachetée par Mayhoola en 2012. Depuis sa reprise moyennant
700 millions d’euros, son chiffre d’affaires a triplé et s’apprête à frôler le milliard d’euros, grâce à l’ouverture d’une
quarantaine de boutiques, avec une forte croissance en Europe. Avec le support financier du Qatar, Balmain, qui
ne compte aujourd’hui que huit boutiques dans le monde, dont une à New York depuis avril, espère donc suivre la
même trajectoire grâce à son expansion au Moyen-Orient et aux Etats-Unis.
Essor digital
La griffe française ouvre ainsi une nouvelle page de son histoire. Au décès du fondateur Pierre Balmain (en
1982), la maison avait été rachetée par un industriel canadien, puis revendue à un ancien dirigeant de LVMH,
Alain Chevalier, pour être placée un peu plus d’un an après en redressement judiciaire.
Alain Hivelin, un industriel du flaconnage, a alors repris la marque, avant de faire face au retournement du
marché après l’attentat du 11 septembre 2001, puis au départ de son directeur artistique, Oscar De La Renta. Un
investisseur de Hong Kong est alors proche de reprendre Pierre Balmain, mais l’affaire échoue. L’arrivée, en
2006, de Pierre Decarnin, un ancien styliste de Paco Rabanne, relance la maison de couture, séduisant les stars,
de Marion Cotillard à Gwyneth Paltrow.
Mais c’est la nomination d’Olivier Rousteing comme directeur artistique, en 2011, qui fait connaître un nouvel
essor à cette institution du luxe. Le jeune prodige engage la révolution digitale de Pierre Balmain, orchestrant sa
communication via Instagram, avec ses 3,4 millions d’abonnés (plus que Karl Lagerfeld qui en compte 2,6
millions). La maison séduit Beyoncé, Pénélope Cruz ou Rihanna. Ses huit boutiques et ses corners dans des
enseignes comme Harrod’s lui ont permis de retrouver une forte rentabilité et de tripler son chiffre d’affaires en
huit ans.